Note Technique de Plaidoyer pour des Etats Généraux de l’Horticulture
1. Exposé des motifs pour le plaidoyer pour les Etats Généraux de l’Horticulture
Les horticulteurs sénégalais sont à un Point d’Inflexion Stratégique, c’est-à-dire à une situation où des changements radicaux, sans précédant qui altèrent toutes les pratiques agricoles et affectent les paramètres fondamentaux et la nature même de l’horticulture familiale est en train de prendre forme de manière expéditive et surprenante. Cette situation dont les conséquences vont remettre en cause toutes les pratiques de l’ensemble des chaines de valeurs horticoles est un point culminant de métamorphose qui résultera soit en une transformation radicale et positive qui verra une amélioration considérable des conditions de vie et de production des horticulteurs familiaux sénégalais ou au contraire à la déconstruction de l’horticulture familiale, de l’exclusion des producteurs horticoles nationaux des chaines de valeurs et leur remplacement par l’agrobusiness étranger. Cette dernière alternative qui semble plus probable transformera les petits producteurs actuels en de simples ouvriers agricoles sous-payés.
1.1 Situation actuelle de l’horticulture dans la zone des Niayes
La campagne de commercialisation des produits horticoles 2020/2021 a été la pire que les producteurs de la zone des Niayes et du Walo aient jamais connu dans l’histoire. Elle s’est caractérisée par une surproduction d’oignon, de tomate, de carotte, de poivron et de chou d’un niveau jamais enregistré au Sénégal.
A cause du manque de préparation, d’une absence de communication et surtout d’une absence de stratégie claire de commercialisation et de transformation, face à une situation qui était prévisible compte tenu des progrès réalisés dans la production horticole durant les cinq années passées, des milliers de producteurs familiaux ne pouvaient ni conserver, ni vendre leurs productions. Ce qui s’est traduit par des pertes post-récoltes qui ont conduit des milliers d’agriculteurs à enterrer des milliers de tonnes d’invendues d’oignon pourri. Cette situation inédite a provoqué des pertes financières énormes qui risquent d’exclure beaucoup de producteurs des chaines de valeur horticoles parce qu’ils ne sont plus solvables pour prendre des prêts ou seront obligés de vendre tous leurs biens pour pouvoir financer la prochaine campagne horticole de 2021/2022.
Cette situation est due à plusieurs facteurs :
- Il y a eu une augmentation du nombre de producteurs horticoles dans la zone des Niayes et du Walo et un accroissement de la productivité des surfaces cultivées. Cet accroissement de la productivité dans la zone des Niayes est entre autres, le résultat de l’adoption de meilleures pratiques culturales qui sont la conséquence des interventions de certaines ONG qui ont contribué au renforcement des capacités des producteurs. Par ailleurs, des résidents des zones urbaines qui n’étaient pas dans l’agriculture commencent à s’y intéresser en achetant des terres dans la zone des Niayes et à les exploiter. D’autre part, beaucoup de producteurs familiaux qui utilisaient des « lances » pour l’arrosage dans la zone de Potou et Gandiole notamment ont abandonné cette pratique au profit des goutte-à-goutte ; ces mêmes producteurs ont aussi tendance à remplacer les motopompes à gasoil au profit des panneaux solaires. Cette transformation des pratiques culturales a contribué à accroitre la productivité qui fait qu’il n’est plus rare de voir des surfaces d’un hectare produire plus de 40 tonnes d’oignon.
- Des zones qui naguère, n’étaient pas productrices de légumes comme Fissel Mbadane dans la région de Fatick commencent à s’engager dans l’horticulture et surtout dans la production de pomme de terre, d’oignon et de tomate. En effet on observe un accroissement des producteurs qui résident dans la vallée du Fleuve Sénégal, en Casamance et dans le Sine où il y a des bas-fonds avec de l’eau facilement accessible. La construction des pistes de production dans le cadre des programmes étatiques comme le Programme d’Urgence de Modernisation des Axes et Territoires frontaliers (PUMA) et des routes a contribué à désenclaver des zones qui disposent de terres fertiles et où l’eau est accessible comme île à Morphil où de plus en plus de terres sont aménagées pour la production de légumes et surtout de gombo, de tomate et d’oignon a aussi contribué à accroitre la production.
- Un accroissement du nombre des agrobusiness aussi bien nationaux qu’étrangers qui ont produit des quantités énormes en utilisant des variétés à fort rendement mais de qualité moindre. Les agrobusiness non encadrés par les autorités étatiques ont pratiquement inondé le marché d’oignon avec une surproduction qui n’a pas tenu compte des limites du marché national en termes de capacité d’absorption. Il n’existe nulle part une base de données qui renferme et catégorise l’ensemble des producteurs horticoles du pays en grands, moyens et petits producteurs et qui permet de cerner les types d’activités dans lesquels ces producteurs opèrent. Une telle base de données pourrait fournir des « informations actionnables » qui pourraient être une base pour la définition de stratégies cohérentes de commercialisation. L’absence de telles données fait que la concurrence entre les agrobusiness et les producteurs familiaux reste en défaveurs de ces derniers.
- Le facteur le plus important qui a conduit à la situation reste l’absence de repére dans la commercialisation. Il n’existe pas de stratégie ou de politique clairement définie de commercialisation des produits horticoles et qui permet d’anticiper le volume produit pour chaque variété de légumes pour définir à temps des créneaux de commercialisation viables et pertinents. L’offre des produits sur les marchés est fortement saisonnière. Cette saisonnalité des produits entraîne une fluctuation et une instabilité permanente des prix sur les marchés. La fluctuation est due à plusieurs facteurs que sont entre autres :
A) Asymétrie de l’information constitutive d’un goulot d’étranglement pour de nombreux acteurs. Elle porte aussi bien sur les volumes de production dans d’autres zones (ceux qui produisent la carotte à Kayar ne savent pas qui d’autres sont en train de produire ce légume ailleurs en quelles quantités), sur la qualité des biens que sur la connaissance des « prix de marché » : des petits producteurs isolés ayant un accès restreint à l’information sur les prix moyens pratiqués sont en situation d’infériorité vis-à-vis des commerçants et grossistes. Cette situation est due probablement à l’émiettement des structures de production, la faiblesse des organisations de producteurs, la vitesse de dégradation des produits, la non-standardisation des unités de mesure (les produits horticoles se vendent pour la plus part par sacs dont le poids n’est pas normé). Cela est source d’instabilité des prix qui perturbe l’efficacité des ajustements entre l’offre et la demande dans les marchés. C’est ce qui fait que des cycles de surproduction qui durent pendant de longues périodes sont succédés par de brèves périodes de sous-productions. Ce qui signifie que les producteurs perdants sont beaucoup plus nombreux que ceux qui gagnent.
B) Absence des structures de marchés : Le développement des cultures maraîchères ne s’est pas accompagné d’une politique d’aménagement des marchés avec des structures adéquates. Ainsi, l’on observe une saturation et une mauvaise organisation des marchés. On note aussi, une absence de structures de stockage (magasins, chambres froides) et de capacité de transformation dans les marchés. La saisonnalité et la périssabilité des produits entraînent des pertes énormes pour les producteurs et les commerçants, car ils n’ont pas la possibilité de stocker et de transformer les produits en période de grandes productions.
- Les dynamiques démographiques changent rapidement avec un agrandissement de la classe moyenne au Sénégal, des mutations dans les modes de consommation et d’approvisionnement des ménages en produit de consommation qui fait que les grandes surfaces des supermarchés prennent une place de plus en plus importante dans les chaines de valeurs horticoles alors qu’elles restent invisibles dans les approches de commercialisation.
- Le manque de données statistiques fiables collectées sur la base informations qui sont fournies en temps réel par les producteurs eux-mêmes de manière transparente et qui permettent de savoir le volume de production réalisé pour chaque variété fait qu’il est impossible d’anticiper la production.
Aussi, dans les chaines de valeurs des produits maraichers, la commercialisation est l’un des maillons qui assure les plus fortes valeurs ajoutées. C’est pourquoi, elle mobilise un nombre important d’acteurs. Les commerçants sur l’immédiat ont des stratégies comportementales variées. Ils s’approvisionnent sur des zones en fonction de l’offre de la zone et de la demande sur le marché. L’absence d’encadrement des producteurs, les agrobusiness surtout fait que ces derniers qui ont une plus forte productivité et des coûts de production par hectare qui sont moindre ont la capacité de vendre à des prix bas alors que les producteurs familiaux n’ont pas cette capacité.
Le Ministère du Commerce a choisi de s’appuyer sur des interprofessionnelles (les filières horticoles) pour gérer les chaines de valeurs. Les interprofessionnelles sont des entités qui regroupent des producteurs, des transporteurs, des commerçants, des représentants de consommateurs, des négociants entre autres acteurs de la filière. L’ARM se propose de créer une interprofessionnelle pour chaque chaine de valeur horticole. Cette option a déjà prouvé ses limites car il n’existe pas une seule interprofessionnelle dans le secteur horticole qui est fonctionnelle et opère de manière autonome, efficace et efficiente. La seule qui semble être médiocrement organisée, mais qui n’a pas les capacités d’absorption des ressources mises à sa disposition à cause de ses faiblesses organisationnelles et la qualité de ses ressources humaines malgré l’appui au développement fourni par le FNDASP et des ONG Internationales comme ICCO en soutien au Programme d’accélération de la Cadence de l’Agriculture sénégalaise (PRACAS) est l’Interprofessionnelle de l’oignon, l’IPOS. Les autres interprofessionnelles (pomme de terre, chou, tomate, mangue, manioc…etc.) n’existent que de nom, elles n’ont même pas de bureaux fonctionnels et ne se réunissent jamais. La posture de l’IPOS durant la crise de surproduction de l’oignon de 2021 en est une attestation évidente.
L’ARM qui est chargée de réguler le marché n’a pas montré une capacité de définition de stratégies de commercialisation adaptées aux nouvelles réalités. Elle a plutôt toujours pris la posture de sapeurs-pompiers, attendant qu’un feu de brousse se déclare pour commencer à chercher les moyens de l’éteindre. Ses solutions consistent à trouver des résolutions une fois que les problèmes surgissent plutôt que de prendre des mesures anticipatoires pour définir des stratégies adéquates de court, moyen et long terme pour les empêcher de se manifester.
1.2. Difficultés rencontrées par les horticulteurs dans la zone des Niayes
Dans un contexte de concurrence qui leur est très défavorable face aux agrobusiness étrangers surtout, les producteurs horticoles familiaux font face à des difficultés cruciaux et critiques qui, si elles ne sont pas réglées conduiront à leur faillite et leur exclusion définitive des chaines de valeurs horticoles.
Parmi les difficultés rencontrées par les horticulteurs dans la zone des Niayes, nous pouvons citer entre autres :
- Les problèmes institutionnels et organisationnels des Organisations de Producteurs qui sont dus au faible niveau de préparation, de capacités de leadership et de compétences des instances dirigeantes pour faire face aux nouvelles réalités imposées par les politiques agricoles au niveau national, les nouvelles dynamiques démographiques et les conventions au niveau continental et mondial qui imposent une plus large ouverture des marchés et une compétition entre les agriculteurs nationaux, les importations et aussi et surtout aux producteurs étrangers qui opèrent au Sénégal ; Il s’agit là de capacités au niveau stratégique pour s’adapter aux nouvelles réalités comme la nécessité de se transformer en entrepreneurs modernes qui travaillent avec des outils modernes et ont une capacité évidente de se positionner de manière compétitive sur les marchés nationaux et internationaux.
- Les problèmes dus au manque d’infrastructures de stockage et d’unités de transformation des légumes comme le chou, la pomme de terre et l’oignon pour stabiliser les offres face à une demande stable et prévisible, ce qui se traduit par des fluctuations incontrôlées des prix aux producteurs et des pénuries et des surproductions qui se succèdent alors que le Sénégal continue d’importer du triple concentré de tomate et beaucoup d’autre dérivées de ce fruit. La même chose peut être dite de la mangue, de l’oignon et de la pomme de terre. En situation normale, la surproduction de légumes que les producteurs connaissent chaque année à cause des problèmes de commercialisation n’aurait jamais existée car ces légumes auraient été simplement transformés ou conservés dans des unités de stockage.
- Les difficultés d’accès au crédit qui sont créées par la réticence des institutions financières à accorder des crédits substantiels aux producteurs à cause des doutes sur leurs capacités de rembourser les dettes. Les incertitudes et les fluctuations imprévisibles des volumes de légumes produits et des pertes financières que subissent les producteurs font que les risques que prennent les institutions financières pour accompagner les producteurs deviennent très élevés et décourageant. Les pertes post récoltes dues aux problèmes de commercialisation ont fait aussi que beaucoup de producteurs ne sont plus solvables. Cette situation réduit leurs capacités de production et les surfaces cultivables surtout parmi les producteurs qui sont pauvres.
- Les problèmes posés par les difficultés d’accès à l’eau causés par une salinisation de plus en plus avancée dans certaines zones surtout à Gandiole et une nappe phréatique qui s’affaisse de plus en plus à cause des changements climatiques.
Les difficultés qui sont dues à l’exploitation des terres en jachère. Il est fréquent que des arbres poussent sur les terres qui n’ont pas été exploitées pendant un certain nombre d’années, lorsque les producteurs cherchent à les exploiter de nouveau, ils sont confrontés aux interdictions par les Services de Eaux et Forêts d’abattre ces arbres.
- Difficultés d’accès à l’électricité.
1.3 Les craintes des horticulteurs
La concomitance d’un certain nombre de facteurs plonge beaucoup producteurs horticoles sénégalais dans des craintes et une incertitude par rapport à leur avenir dans la production. En plus des problèmes soulevés ci-dessus, d’autres qui rendent les problèmes de commercialisation encore plus complexes s’annoncent pour les années à venir. C’est pour dissiper ces craintes que l’APPASEN invite les autorités étatiques à convoquer les Etats Généraux de l’Horticulture pour un meilleur encadrement des acteurs qui opèrent dans les chaines de valeurs.
Les politiques agricoles de l’Etats du Sénégal. Dans le cadre du Plan Sénégal Emergent et plus précisément du PRACAS, l’Etat du Sénégal insiste sur « l’émergence d’un entreprenariat agricole et rural basé sur une synergie intelligente entre l’agrobusiness et l’agriculture familiale, respectueuse de l’environnement, soucieuse de l’adaptation aux changements climatiques et basée sur une approche chaîne de valeur ». Nous considérons que la synergie dont il est question ici ne vise pas la faillite de l’agriculture familiale au profit de l’agrobusiness et que l’entreprenariat agricole dont il est question ici vise à créer les conditions pour une grande et rapide transition des agriculteurs familiaux nationaux sénégalais vers l’agrobusiness. Cependant, avec l’ouverture du Sénégal aux producteurs agrobusiness étrangers qui ne sont pas encadrés et qui ont des pratiques qui ressemblent à un Dumping, il devient de plus en plus difficile pour les agriculteurs familiaux sénégalais de faire face à la compétition et vendre leurs produits. Les problèmes de commercialisation de l’oignon rencontrés durant la campagne 2021 montrent clairement que cette situation affaiblit considérablement les producteurs familiaux sénégalais.
Pour la concrétisation des objectifs du PSE, l’Etat du Sénégal est en train de mettre en œuvre des projets agricoles structurants (comme les aménagements hydro-agricoles dans la Vallée du Fleuve Sénégal (VFS) et l’Anambé et les aménagements structurants pour la remise en eau du Ngalam) qui sont à encourager. Le PUDC aussi investit pour soutenir la création de petites/moyennes/micro entreprises, notamment de prestation de services dans les secteurs de l’agriculture au sens large (agriculture, élevage, pisciculture). Dans le cadre de la lutte contre le chômage des jeunes et l’accroissement de la productivité agricole, le PRODAC est en train de construire des fermes modernes de grandes dimensions.
Nous applaudissons ces options de l’Etat du Sénégal et souhaitons plein succès à ces initiatives. Cependant, nous avons beaucoup de craintes. Prenons l’exemple du PRODAC qui est en train de construire beaucoup de DAC à travers le pays. Le seul DAC de Keur Momar Sarr peut à lui tout seul produire toute la pomme de terre, la carotte, le chou, le navet et le poivron consommés au Sénégal, car avec seulement 2500 hectares de terres, on peut satisfaire tous les besoins du pays en pomme de terre avec seulement un rendement de 50 tonnes à l’hectare. Les autres 2500 hectares restant pourraient produire tous les autres légumes et satisfaire la demande nationale à l’exception de l’oignon. Si nous considérons que l’ensemble des DAC qui sont en construction occuperont une superficie qui dépasse 20 000 Hectares, nous pouvons nous attendre à des volumes de production extrêmement immenses rien que pour le PRODAC.
Le Projet de Développement Inclusif et Durable de l’Agribusiness au Sénégal (PDIDAS) a déjà sécurisé 77033 Hectares de terres à usage agricole dans les 9 communes d’intervention du PDIDAS (Gandon, Ndébène Gandiol, Fass Ngom, Ngnith, Ronkh, Diama, Mbane, Keur Momar SARR, Syer). Nous applaudissons encore une fois et souhaitons beaucoup de succès à ce projet.
En somme, l’Etat du Sénégal est en train de faire beaucoup d’investissements structurants dans beaucoup de régions du pays. Cependant, si un quart de ces fermes agricoles produisent de manière efficace avec des productivités même moyennes, et des stratégies de commercialisation claires ne sont pas développées, les problèmes structurels de commercialisation qui sont devenus endemiques auxquels les horticulteurs font face risquent de mettre des milliers de producteurs familiaux hors des chaines de valeurs. La situation de la campagne de l’oignon 2021 en est une parfaite illustration. Une stratégie de commercialisation n’a pas encore été définie et n’existe pas encore. Si elle existait les horticulteurs sénégalais n’auraient pas été confrontés à cette crise de l’oignon qui a fait qu’ils étaient obligés d’enterrer des centaines de milliers de tonnes d’oignon qu’ils avaient fraichement récoltées et de donner des milliers de tonnes de carotte, de poivron et autres légumes à leurs bétails.
L’ouverture des frontières du Sénégal à la concurrence étrangère à travers la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAf) aura des conséquences qui nous sont difficiles à prédire à cause des variables qui influencent les capacités des producteurs étrangers et nationaux à faire compétition sur nos marchés nationaux. Les subventions que ces étrangers reçoivent, les cours des devises et les niveaux de vies dans les différents ayant une influence sur la compétition.
Les problèmes de commercialisation ont déjà plombé le fonctionnement de beaucoup de producteurs horticoles qui travaillaient dans des fermes créées par des programmes de l’Etat du Sénégal comme les fermes ANIDA et les SIPA du PRODAM et d’autres fermes qui ont été créées par des ONG internationales. Des producteurs sénégalais ont été organisés pour exploiter ces fermes, ils ont mobilisé fonds à travers des cotisations et des emprunts et sont allés en campagne mais n’ont pas pu vendre leurs récoltes et ont été obligés d’abandonner ces fermes et sortir de l’horticulture. Au lieu de créer des emplois qui autonomisent les producteurs, ces programmes ont au contraire endetté les producteurs et les ont amenés) la faillite.
C’est l’ensemble de ces facteurs qui fondent nos craintes dans les circonstances actuelles et nous font penser qu’il est nécessaire et urgent que l’Etat du Sénégal convoque les Etats Généraux de l’Horticulture au Sénégal.
2. Objectifs des Etats Généraux de l’Horticulture
2.1. Objectif Global
Permettre aux producteurs horticoles nationaux sénégalais de pouvoir produire et vendre leurs productions sur le marché national à des prix compétitifs.
2.2 Objectifs Spécifiques
- Définir des stratégies de commercialisation claires qui permettront d’anticiper sur les niveaux de production et de récoltes pour chaque variété de légume pour éviter les surproductions
- Evaluer l’ensemble des contraintes actuelles auxquelles les producteurs familiaux sont confrontés (financement, subventions, accès aux intrants, amélioration des pratiques culturales, accès à l’eau, accès aux unités de stockage, transformation des produits, l’accès à la terre, les problèmes liés au foncier, les relations entre les producteurs et les Services des Eaux et Foret,…etc.)
- Faire l’état des lieux : la base de données des producteurs et leur catégorisation en termes de producteurs familiaux, de producteurs moyens et d’agrobusiness, les nationaux et les étrangers (qui est qui ? qui fait quoi ? qu’est-ce que nous cultivons ? en quelle quantité ? Où est que nous cultivons ?…etc.). La maintenance d’une telle base de données nous permettra de mesurer le nombre de producteurs familiaux qui deviendront des producteurs moyens dans quelques années et ceux qui seront dans l’agrobusiness ; nous saurons ainsi comment est ce que les politiques agricoles nationales ont permis la transition de la production familiale à l’agrobusiness ;
- Evaluer les exigences face à l’ouverture des marchés nationaux et faire des recommandations pertinentes aux producteurs familiaux ;
- Evaluer la nécessité de procéder à un diagnostic institutionnel des Organisations de Producteurs pour dégager des recommandations pour faire la sélection des OP avec lesquelles l’Etat du Sénégal peut collaborer ;
- Faire l’évaluation de la pertinence des Interprofessionnelles. Est-ce que cette option est pertinente ? si « oui », comment les rendre efficaces pour répondre aux besoins des producteurs ? ;
- Evaluer les infrastructures existantes (unités de stockages inutilisées, fermes agricoles financées par l’Etat mais non fonctionnelles), et voir comment elles pourraient être mises à la disposition des producteurs nationaux qui pourraient les exploiter et comment les organisations de producteurs déjà existantes pourraient avoir accès aux DAC pour les exploiter).
3. Parties prenantes aux Etats Généraux de l’Horticulture
Nous pensons que des représentants de tous les acteurs dans les chaines de valeurs doivent être invités à participer à ces assises.
Tous les ministères (Agriculture, Commerce, Finance, Environnement, Intérieur…etc.) qui ont une influence sur les chaines de valeurs horticoles devraient être invités à y participer.
Good !